Chaque année l’équipe réfléchit aux acquisitions à réaliser pour le servie en termes de jeux, matériel d’activités ou jouets. L’année dernière est ressortie de ces échanges la possibilité d’investir dans un babyfoot. L’idée a séduit une partie de l’équipe mais pas moi. « Que va-t-on faire d’un babyfoot, ce n’est pas une MECS ici ! »  Une des éducatrices a proposé de passer commande via une entreprise de sa connaissance qui a bonne réputation. Passer par une société de qualité, « made in France » a eu pour conséquence des délais de livraison rallongés. Nous avons donc attendu patiemment l’arrivée de notre babyfoot. Après plusieurs mois, le voilà qui arrive au service. Il ne reste plus qu’à le monter et à l’essayer. C’est chose faite au bout d’une semaine. L’équipe l’observe, tente quelques parties, l’apprivoise, les familles ne semblent pas y accorder beaucoup d’intérêt, il faut dire qu’il est dans le coin le moins lumineux de la salle d’attente. Il trouve tout de même son public chez certains enfants.  Et puis un jour une mère attend avec ses deux garçons d’être reçue par deux éducatrices. C’est la fin de journée pour tous, surement le besoin d’un peu de légèreté et sans vraiment l’avoir anticipé, nous proposons à Madame B et à ses enfants de faire une partie avant de débuter l’entretien sous l’impulsion des enfants. Madame fait équipe avec son plus grand fils tandis qu’une des éducatrices s’improvise arbitre et la seconde fait équipe avec l’autre garçon de la fratrie. 

Dans l’exercice de la mesure, nous constatons que madame se montre dans le rejet à l’égard de son fils ainé, un des objectifs de l’accompagnement éducatif est de comprendre avec elle, pourquoi une telle attitude, source de souffrance pour son fils, et comment travailler ce lien mère/fils ? 

Revenons donc à notre partie de babyfoot qui s’avère ce jour-là être un bon médiateur entre Madame et son fils.  

Ce dernier, enseigne à sa mère les bases du jeu, elle se montre attentive aux conseils de son fils, nous pouvons observer qu’une certaine connivence s’installe entre eux. Madame est plus détendue dans les échanges avec lui, elle   apprécie ce temps privilégié, comme lui aussi d’ailleurs.   

Une autre fois, une partie de babyfoot a permis à une éducatrice d’observer, à distance, la qualité des liens fraternels qu’elle questionnait ; plus globalement, le babyfoot, installé dans un espace ouvert, rend plus fluide les échanges avec les enfants et les adolescents pour qui l’espace « ordinaire » d’un entretien inhibe, empêche toute spontanéité. 

Alors, poursuivons dans cette voie et trouvons d’autres médiateurs pour faciliter la rencontre dans la relation éducative.  

 

Virginie Schindler, éducatrice spécialisée