Aux MAPE, la mise en place du Relais + 3 mois : la possibilité d’un lien au-delà de l’accueil au foyer maternel et parental.

Le départ du foyer maternel ou de l’accueil parental est parfois vécu comme un abandon, une rupture plus qu’une séparation, surtout si la fin de prise en charge n’est pas simultanée de la réalisation de la conjonction favorable des solutions de logement, d’emploi et de revenus, de prise en charge de l’enfant en journée avec un mode de garde ou sa scolarisation. Il arrive aussi que l’obtention d’un appartement locatif pourtant espéré précipite le départ alors que l’accompagnement éducatif peut encore être nécessaire.

Au-delà d’une aide pour résoudre quelques questions matériels, mais le « matériel » n’est jamais que matériel, le soutien éducatif à une période émotionnellement forte de la vie de la famille provoque parfois une dépendance relationnelle. La fin de cette relation souvent intense peut être ressentie comme brutale, même si elle a été soigneusement préparée, d’autant plus si l’accompagnement s’est poursuivi pendant une période longue, certaines familles pouvant être accueillies pendant 2 voire 3 ans,

Par expérience, nous savons que les personnes qui le souhaitent et ont établi des relations fortes avec les éducateurs s’autorisent à prolonger la relation au-delà de leur départ et à demander du soutien si besoin. La demande explicite de la personne est en partie le prétexte à vérifier qu’elle est autant considérée en l’absence de toute prise en charge.

Mais d’autres personnes ne s’autorisent pas cette démarche alors qu’il est probable qu’elles en auraient tout autant besoin. Cette inégalité de traitement devait être corrigée.

 
Relais + 3 mois : un mandat sans contrainte
Depuis quelques mois, toutes les familles sont informées que pendant une période de trois mois, il leur est possible de contacter les éducateurs qui proposeront écoute, soutien, conseil, possibilité de rencontre, éventuellement accompagnement physique. La proposition est exposée par les éducateurs sur un mode informel et confirmée par un écrit signé du directeur. Chacun peut en user ou non, l’initiative revenant à la famille. Le mandat institutionnel sans contrainte autorise la prolongation d’un échange légitimé autant pour le professionnel que pour la famille qui part de l’établissement.
 
 
Les demandes pour lesquelles les professionnels sont sollicités relèvent de difficultés concrètes pour lesquels un appui technique et méthodologique s’avère nécessaire, mais il s’agit surtout de répondre au besoin psychologique d’être rassuré, de ne pas être seul à ce moment où démarre une nouvelle étape du parcours des familles :
  • S’assurer du mode d’accueil de l’enfant ou de sa scolarisation ;
  • Soutenir le recrutement d’une assistante maternelle dont la famille est l’employeur :
  • Suivre l’effectivité des mesures d’aide préparées en amont du départ ;
  • En cas de besoins de soins : soutenir la mise en place ou la poursuite d’un suivi psychologique, pédopsychiatrique, etc. ;
  • Maintenir un lien avec la famille pour faire la jonction avec une mesure d’AEMO ou d’AED ;
  • Maintenir une adresse temporaire dans l’attente d’une adresse pérenne
  • Etc.

Les premières expériences confirment la nécessité.
Plusieurs familles se sont saisies du Relais + 3 mois à des degrés divers. L’accompagnement a pu se poursuivre et permis un départ progressif, le lien se prolongeant jusqu’à s’estomper et n’être plus nécessaire.

Mais s’il faut partir et parfois apprendre à partir, il faut aussi laisser partir et savoir le faire : mettre fin à ce relais dont la limite dans le temps est posée, puisque nous n’avons pas vocation à exercer une tutelle quelconque et durable sur les personnes qui s’en vont. Nous devons accepter nos propres limites, on ne fera pas en dehors de la prise en charge ce qui n’a pas été fait pendant.
Ce qui apparait comme essentiel est que par elle-même, la proposition est simplement rassurante.
Quand bien même la jeune femme ou le jeune homme n’aspirent pas à en profiter, elle réduit les angoisses à l’approche du départ par la connaissance d’un recours possible, le sentiment que la porte ne se refermera pas immédiatement.
Cette pratique est aussi satisfaisante pour les professionnels parfois frustrés de ne pouvoir aller au bout d’une démarche sans mandat institutionnel alors que la famille doit quitter l’établissement.
La « sortie » de la famille, le terme parait très administratif pour évoquer son départ, était ressentie comme radicale, ils la souhaitaient plus progressive.
C’est d’autant plus notable que ce dispositif provoque une augmentation des charges de travail puisqu’entre-temps, une autre famille est arrivée dans l’établissement à laquelle il faut se consacrer. Et il faut encore dégager une part de  disponibilité psychique pour la famille en partance, du temps pour une rencontre, des prises d’appels téléphoniques, un accompagnement physique…

Autre vertu imprévue et qui justifierait à elle seule cette mise en place : dire à un parent qui aura effectué une démarche pour que son enfant soit placé, et qui de ce fait doit quitter l’établissement d’accueil maternel ou parental, lui dire qu’il peut encore compter avec nous est un message plus que symbolique : s’il ne peut atténuer la culpabilité pour ce choix douloureux, il signifie sans ambiguïté que l’institution ne juge ni ne condamne.