Comment la notion de soutien aux parents et aux familles se pense et se pratique à La Marelle ? Voici quelques idées-clefs qui ont traversées nos échanges en équipe.

  • Le soutien aux parents s’établit tout d’abord dans un contexte de rencontre avec l’autre

Dès le processus d’admission, c’est à dire au premier entretien, nous présentons les éléments qui ont initié la mesure d’AEMO (signalement) ou d’AED (repérage des difficultés), ainsi que les attentes du juge des enfants ou les objectifs de l’AED.  Ainsi les places de chacun sont posées et permettent de s’attarder sur la compréhension des intéressés de leur propre situation.

Dès le départ, nous insistons également sur la nécessaire mobilisation des parents pour faire évoluer leur situation. Il s’agit bien pour nous de faire appel à leurs responsabilités parentales et de les aider dans ce sens.

Dès lors, il est important de faire un pas de côté pour dépasser ses propres représentations et entendre les familles là où elles (en) sont, à partir de quels éléments elles vivent, comprennent leur situation. Ici, le soutien c’est bien de partir de là où sont les parents pour cheminer progressivement vers une meilleure prise en compte des besoins de l’enfant et /ou compréhension de leur situation. Ainsi, nous serons attentifs tout au long de la mesure à comment les parents parlent de leur(s) enfant(s) et à leur propre représentation de ce qu’est être parent.

  • Soutenir, c’est valoriser les compétences parentales

Sans banaliser ou nier les dysfonctionnements, nous sommes attentifs aussi à ce qui fonctionne. Pour faire évoluer une situation, nous pensons indispensable de nous appuyer sur les compétences parentales existantes et d’aider à ce qu’elles puissent être davantage mobilisées.

Le soutien passe, à certains moments, par apprendre des parents, accepter d’être dans une position d’apprenant, de nous laisser enseigner (un parent à son domicile apprend à l’éducatrice à cuisiner un plat de son pays d’origine).

Il y a aussi, les compétences familiales. En effet, la famille au sens large du terme est prise en compte avec une attention particulière aux personnes ressources qui peuvent intervenir dans la vie de l’enfant.

  • Soutenir, c’est aussi faire prendre conscience aux familles des difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans l’éducation de leur enfant

Les actions éducatives entreprises à La Marelle visent à soutenir les parents dans leur fonction parentale et à restaurer les places de chacun pour favoriser un meilleur équilibre des relations parents-enfants.

Pour ce faire, nous utilisons notre boîte à outils :

Temps partagés parents-enfants-éducateur(s) : il s’agit d’un temps partagé entre parent et enfant autour d’un support proposé par l’éducateur (cuisine, sortie, jeux de société ou autre, etc.). Des ateliers également, aux formes diverses, sont organisés : groupes ouverts ou fermés réunissant parents et enfants d’une même famille ou plusieurs familles, ou seulement les enfants ou encore uniquement les parents (atelier couture).

En fonction de ce qu’on repère des relations et des compétences parentales, on (s’) adapte, en ayant le souci d’être délicat, de ne pas ajouter de la difficulté à celles vécues.

Entretiens individuels ou familiaux : temps d’échanges et de confrontation des points de vue, des exigences et principes éducatifs, visant une élaboration autour des difficultés rencontrées et du positionnement parental.

Visites à domicile : A la Marelle, au regard du jeune âge des enfants, les professionnels interviennent très régulièrement à domicile, c’est à dire dans le territoire de la famille : Comment on s’adapte à la situation, au moment, à l’imprévu ?

Il s’agit, le plus souvent autour de support amené par le professionnel, de « faire avec » dans le respect de ce que la famille permet. Par exemple, jouer ensemble permet de mettre en lien parents et enfants.

Tous ces supports à notre intervention, à notre observation, représentent des temps de « faire avec » et « vivre avec » : Il s’agit de partager une expérience qui pourra être reprise dans un second temps et évoquée à partir de ce qu’on a vécu de notre place : « on y était, on a vécu la même expérience mais pas de la même place ».

  • Soutenir, c’est également poser un cadre sécurisant et des limites dans le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant

Le soutien aux parents/à la parentalité ne doit pas nous faire perdre de vue notre mission de protection de l’enfant. Notre capacité à énoncer ce qui ne va pas, ce qui nous amène parfois à envisager une séparation de l’enfant d’avec son milieu naturel, marque une limite, un arrêt lorsque les conditions d’éducation sont gravement compromises et mettent en péril la sécurité physique et affective de l’enfant.

Néanmoins, soutenir, c’est aussi prendre le risque de faire confiance et faire le pari que les parents vont pouvoir, avec l’étayage des professionnels, être en mesure de faire évoluer leur situation.

Nous jonglons souvent à La Marelle entre ces deux pôles.

  • Soutenir englobe la dimension psychique mais également matérielle

– Aide financière (avec ou sans remboursement), chèques service, financement de mobilier (lits/enfants ou meubles) pour repenser les espaces de vie.

– Ressources matérielles : mise à disposition d’une machine à laver au service, don de vêtements d’enfants, etc.

– Accompagnement physique pour toutes sortes de démarches administratives (logement, obtention de place en crèche, etc.) et mise en relation des parents avec des ressources extérieures.

  • Soutenir, c’est aussi trouver un juste équilibre pour ne pas enfermer autrui dans une relation de dépendance 

– Participation financière demandée quand le service prend en charge certains frais.

– Nécessité de tiers car danger d’appropriation, de trop d’empathie ou rejet : nécessité de s’appuyer sur le travail d’équipe et le dispositif institutionnel (relais, réunions cliniques et d’équipe, groupe d’analyse de la pratique éducative, articulation entre les places des différents acteurs de l’institution, travail partenarial) pour veiller à la place que l’on occupe dans la relation à l’autre : A quelle place je me mets ? A quelle place je le mets ? A quelle place il me met ?