Depuis un an La Boutique, service d’accompagnement social au sein du CHRS Stuart Mill, accueille un grand nombre de familles et parents isolés qui ne cesse d’accroître.  Ces derniers ont pour la plupart un parcours migratoire chaotique entre leur pays d’origine et leur arrivée en France qui peut générer des traumatismes liés aux violences physiques et psychologiques subies durant leur voyage. 

Dès leur arrivée en France ces familles se retrouvent dans une situation en grande précarité sans ressources et sans hébergement stable. Malgré l’instruction d’une demande d’hébergement d’urgence auprès du SIAO et les appels quotidiens au 115, certaines peuvent être amenées à dormir dans la rue avec des bébés ou jeunes enfants quelles que soit les époques de l’année. 

L’exclusion sociale, la fragilité psychologique, la santé mentale et les addictologies sont les principales difficultés rencontrées par ces familles et qui constituent un frein dans leur autonomie et leur insertion.  Il est difficile pour ces familles qui se retrouvent loin de leurs racines et de leurs origines de faire face à leur intégration et d’assumer au mieux leur rôle en tant que parent. Notre fonction est de les soutenir et de les accompagner afin de veiller à la bonne évolution et au bien-être de chacun. 

En effet, être parent implique plusieurs principes : désirer un enfant, lui donner la vie, lui donner un nom, lui apporter le confort matériel, l’éduquer, subvenir à ses besoins physiques et affectifs, et lui offrir un environnement adéquat à son développement. Différents liens se créent au sein d’une famille et permettent ainsi de se construire sa propre identité.  La précarité socio-économique peut engendrer une difficulté identitaire. Il est donc nécessaire de comprendre quelle est la place de la famille au sein de l’espace social. 

Les accompagnements diffèrent en fonction de la composition familiale, la culture, le vécu, et la situation actuelle. Nous pouvons constater une plus grande fragilité pour les familles monoparentales ou grossesses non désirées. Toutes les familles ont quitté leur pays d’origine et leur famille pour un monde meilleur ; elles se retrouvent ainsi confrontées à de nouvelles difficultés qui mettent un frein à leur insertion sociale. 

L’accès à un logement stable et durable est la principale préoccupation des familles. Malgré cela il est important de pouvoir apporter à chaque enfant une stabilité et l’accès aux apprentissages et à la santé et d’essayer de maintenir au mieux le lien parent enfant. 

Nous sommes parfois confrontés au placement provisoire des enfants qui peuvent, pendant un temps donné, être en danger du fait de l’impossibilité des parents à leur offrir un environnement sécurisant et propice à leur éducation. Cependant, il nous revient d’éviter toute séparation et rupture de lien familial. 

Grenelle Violences conjugales 

La rentrée de septembre 2019 a été marquée pour l’équipe du SAUVI par le lancement du grenelle consacré aux violences conjugales devenus priorité ou tout du moins préoccupation d’état. Il est vrai que l’égrenage morbide, mais malheureusement nécessaire, du nombre de féminicides perpétrés en 2019 a marqué les esprits et manifestement les pouvoirs publics.  

Le département des Yvelines n’a pas manqué de s’inscrire dans le travail de réflexion imposé par l’état et a lancé le démarrage des groupes de travail portés par le CLAV des Yvelines et la DDCS le 13 septembre 2019.    

L’équipe du SAUVI a été très mobilisée sur cette question alors même que le service traversait une période organisationnelle compliquée. En effet, la maîtresse de maison était en arrêt de travail et l’un des deux éducateurs spécialisé de l’équipe entrait en formation et serait donc absent durant huit mois.  

Pour autant, nous avons participé aux différentes réunions co-organisées par Mme la déléguée aux Droits des femmes et à l’égalité des Yvelines et par le tribunal de Versailles. Si d’un point de vue du territoire ce travail a été fructueux, il a aussi mis à jour les points d’amélioration possibles. Une restitution de l’ensemble des travaux a été faite au mois de décembre à tous les acteurs et participant des groupes de travail opérationnels et en présence de nombreuses personnalités dont une des députées des Yvelines. 

Par ailleurs, en collaboration avec TV78 (une chaine de télévision locale) nous avons proposé à une femme accueillie au SAUVI de témoigner de son expérience de violence conjugale. Et bien que le format du reportage n’ait pas été retenu pour être diffusé lors de la restitution des travaux du grenelle, Madame K a fait entendre sa voix et par ce biais a encouragé toutes les femmes victimes à dénoncer les faits dont elles sont victimes. Madame a également été reçue par Marielle Savina, déléguée aux Droits de femmes des Yvelines.    

Prise dans cette dynamique nationale, la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, a aussi donné lieu à beaucoup de manifestations. A cette occasion le SAUVI a proposé à toutes les femmes accueillies et leurs enfants une visite du Château de Versailles, un pique-nique et un débat autour de la médiatisation des violences conjugales. Il va sans dire qu’il est toujours très intéressant et riche d’enseignements de donner la parole à celles ou ceux concernés directement par un problème donné.