Depuis quelques années, mais plus sensiblement encore en 2018, nous avons été confrontés à des situations familiales qui nécessitent interrogations, réflexions, et propositions de la part des équipes. Si jusqu’à récemment, nos services étaient encore « protégés » des restrictions budgétaires du département en matière de protection de l’enfance, nous avons tout au long de l’année eu à déplorer des problématiques nouvelles.
En effet, nous avons été interpellés par plusieurs familles monoparentales des Amandiers ou de la Marelle, qui se sont vu refuser le renouvellement de leur hébergement au 115. Les critères qui définissent la vulnérabilité existent depuis 2005, mais à notre connaissance n’étaient pas appliqués dans ce département.

Ainsi, dans l’urgence, nous avons financé quelques nuitées d’hôtel pour réfléchir avec la famille à une proposition d’hébergement compatible avec notre mission de protection de l’enfance.
D’autres nuitées à l’hôtel ont été prises en charge par nos services sur la ligne budgétaire « dépannage familles ». Qu’il s’agisse d’une mise à la porte par un hébergeant, un compagnon ou dans le cadre de mise à l’abri suite à des violences conjugales, nous avons dans l’urgence privilégié l’hébergement à l’hôtel plutôt que d’emblée aller vers une mesure de placement de l’enfant. Dans deux situations seulement, le placement a été requis dans un second temps, non pas pour une question d’hébergement mais après évaluation d’une situation de danger nécessitant la protection de l’enfant.

Autre situation qui nous amène aujourd’hui à être force de proposition : Comme dans de nombreux logements de la région parisienne, plusieurs familles ont eu leur appartement envahi par des punaises et ce, de façon massive pour certaines, ce qui a nécessité de trouver un hébergement pour 48 heures afin d’assurer une désinsectisation efficace.
Ce fléau a des conséquences importantes, outre la douleur des piqures car il oblige à l’éviction des enfants des crèches, des écoles, les TISF suspendent leur intervention, les éducateurs sont réticents à l’idée d’intervenir au domicile. Sans compter les parents, obligés de s’absenter de leur emploi pour garder leurs enfants et engager des frais pour se débarrasser des punaises.
D’autre part, pour une efficacité maximum du traitement mais aussi pour limiter les conséquences des produits toxiques sur les enfants, il est nécessaire que pendant 48h la famille quitte son logement. Or, on observe dans ces situations, combien le plus souvent ces familles sont isolées et ne possèdent pas de relais à même de leur offrir un accueil provisoire.

Enfin, nous exerçons quelques mesures où le parent qui n’a pas la résidence de l’enfant vit en province ou en région parisienne mais dans des conditions ne permettant pas d’accueillir son enfant (hébergement chez un tiers, CHRS, absence de domicile fixe). Si nous pouvons organiser à l’occasion des rencontres parent-enfant au service, nous déplorons que les droits d’hébergement ne puissent s’exercer pour des raisons matérielles alors que ces temps partagés dans de bonnes conditions favorisent un lien avec l’enfant et évite une distanciation voire un délaissement préjudiciable à l’enfant.

Nos propositions au financeur
Au regard de ces différentes problématiques, nous avons proposé, à notre financeur, la location d’un studio qui, certes ne résoudra pas toutes les difficultés, mais permettra d’avoir un lieu pour mettre à l’abri quelques jours voire quelques semaines une famille et penser avec elle, dans un contexte de moindre urgence, une solution plus pérenne.
Notre projet a été accepté et financé par le département.

Un studio destiné aux familles
Nous avons alors sollicité le bailleur social AXIMO, pour bénéficier d’un bail associatif. Nous avons obtenu un logement T1, situé à Gentilly, accessible tant pour les familles accompagnées par la Marelle que par les Amandiers. Le loyer et les charges seront financées par notre service avec, en fonction de la situation, une participation financière de la famille. Cet hébergement temporaire, meublé succinctement par notre service, a permis une mise à l’abri très temporaire d’une famille avec la présence régulière de l’éducateur référent, un espace pour qu’une jeune mère (hébergée chez sa propre mère) passe une journée entière avec son fils et l’éducatrice alors que l’enfant vit avec son père, un lieu pour permettre une activité de loisirs/cuisine…

Isabelle Bermond, Directrice des Amandiers et de La Marelle