Pour la première fois le même jour dans le même lieu, 38 professionnelles « petite enfance » des MAPE – assistantes maternelles, éducatrices de jeunes enfants, responsables de service, auxiliaires de puériculture, agent d’accompagnement petite enfance et psychologue – étaient réunies pour une journée de formation.
L’image était inédite puisque tous ces acteurs qui interviennent quotidiennement dans des services différents, des villes distantes (Colombes, Fontenay-aux-Roses et Antony), à leur domicile ou dans des locaux professionnels, incarnent cette dominante des métiers de la petite enfance dans un établissement qui prend en charge plus de 60 enfants dans les modes d’accueil de journée (deux crèches collectives et 18 assistantes maternelles), et avec leur(s) parent(s) dans des lieux d’hébergement collectifs (2 internats pour 8 et 9 familles) ou individuels (38 appartements).
 
« Les moments de séparation à l’accueil et les temps de retrouvailles »
 
Le thème central a permis de décliner les questions : Comment établir une relation de confiance entre parents et professionnels ? Comment gérer les émotions des uns et des autres ? (Parents, enfants). L’adaptation : comment préparer la séparation ? Comment accompagner l’enfant dans son processus de défusion ? Qu’entend-on par « attachement » ? Comment le gère-t-on au sein d’une équipe ?

La journée était construite en trois temps : le matin était dédié à la présentation par l’intervenant invité Jean Epstein, suivie d’un échange ; l’après-midi était consacrée à un travail en ateliers pour confronter les apports du matin aux pratiques diverses, puis à la mise en commun des idées travaillées dans les ateliers suivie d’une synthèse projective.

Jean Epstein, l’art complexe de la simplicité
 
Il travaille auprès des jeunes enfants, des adolescents et des familles depuis 1974.
Sa notice le présente comme « psychosociologue, kinésithérapeute formé par Boris Dolto, spécialiste des questions relatives à l’éducation et à la famille. Adepte de la recherche-action, sociologue de terrain, dont la matière première est faite d’enquêtes, de rencontres et d’entretiens. Ses deux sujets de prédilection sont la construction des repères chez l’enfant, et l’adolescent et l’évolution de la famille dans ce cadre ».
 
Si son public du jour était constitué de professionnelles du même établissement, il n’était pas pour autant homogène. Les formations initiales et les modalités d’intervention sont différentes, la cohérence du projet global des MAPE réalisé dans de multiples sites collectifs, individuels et privés, 24/24 h et 365 jours par an, ne peut être visualisée quotidiennement par chacune et chacun. Des cultures de métier se sont construites en opposition les unes par rapport aux autres et ont généré des hiérarchies symboliques en dépit des missions communes.
Mais Jean Epstein a l’art de créer les points de rencontre et d’amener ses interlocuteurs à s’y retrouver ensemble et personnellement, avec cette capacité exceptionnelle d’énoncer des problèmes complexes avec simplicité et sans lexique superflu.
 
Au-delà des enseignements que chacune a pu retirer de cette expérience, ce rassemblement a constitué un espace de partage de savoir-faire, de questionnement collectif, de remise en cause de certaines pratiques trop installées, et pour beaucoup de professionnelles des MAPE, la révélation du potentiel de compétences dans le domaine de la Petite enfance réunies dans l’établissement.
Par la qualité de son écoute, Jean Epstein rappelle à chacune sa nécessité personnelle auprès de chaque enfant. C’est suffisamment rare pour que cela soit souligné : il crée de l’enthousiasme et l’envie d’y retourner.